[HISTOIRE] Un baptême du feu

Messages : 45 Expérience : 87

[Evènement le DIMANCHE 13 DECEMBRE à 21H-21h30]

Moriarty est en pleine effervescence, tout comme l’île de la Mouette Rieuse. Les hommes du Requin et de la Reine Hydre s’activent à la préparation de leurs navires et leurs défenses, au vue de l’attaque organisée dont ils ont eu vent.

De leur côté, les marins de l’équipage de la Belladone terminent, eux aussi leur préparation : Entraînement, appareillage et même mise en place d’améliorations. Ils semblent fins prêt à se joindre à l’assaut contre le Kraken, le mutin, et Fabien, le corsaire.

L’attente se fait pesante, car peu d’informations sont entendues, mais c’est une erreur, de l’un des hommes du chasseur de pirate trahissant l’effet de surprise. Le soulard aurait prononcé ces quelques mots :

« C’dimanche… En pleine mer… On s’la fait cette catin ! »

Le temps presse….

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Le baptême du feu, pour l’équipage de la Belladone a été plus que concluant. Dans la douleur et la peine, mais le résultat est au rendez-vous.

C’est en début de soirée que le brick a pris le large, après quelques manœuvres maladroites de la part de l’équipage, le brick a pu rejoindre le large sans encombre. La navigation s’est faite sans accrocs, le climat aidant à la bonne traversée, les pirates se sont alors rendus non loin de l’île de la Mouette.

Là-bas, ils ont retrouvé la flotte Covington, deux navires parés au combat. Celui du Requin, reconnaissable à son pavillon, montrant un requin tenant dans sa gueule deux sabres et celui de la Reine Hydre reconnaissable, lui aussi, à son pavillon.

Une fois mit au courant de la situation, c’est une surprise qui attendait les équipages. Les navires ennemis n’étaient pas trois, comme prévu, mais uniquement deux, néanmoins il s’agissait d’un bric et d’un imposant galion, tous deux en provenance de l’île de la griffe. Comme prévu, le Kraken était présent sur son brick, reconnaissable grâce aux informations récupérées.

La bataille s’engagea, férocement, entre les pirates et ceux que l’on pourrait nommer corsaires. Le Requin et la Reine Hydre décidèrent de s’attaquer au galion, tandis que la Belladone fonça vers le navire du Kraken. La nuit, pourtant sombre au départ, se vit parsemée de nombreuses canonnades et autres incendies.

Après plus de deux heures de lutte acharnée et un abordage peu concluant, le navire au Kraken se vit sombrer dans les flots de la Mer des Lamentations, après une énième explosion. A son bord se trouvait encore quelques hommes qui ont été repêchés par la suite. Après le calme revenu, les pirates ont alors fouillé les décombres de l’épave et ont pu retrouver le cadavre de leur cible, déposée sur une planche de bois.

La peur et la douleur ont alors laissé place à la joie et aux rires, laissant les pirates de La Belladone fêter comme il se doit cette première victoire. Alcool, chants, femmes et même prisonnier sont au rendez-vous !

Discours du capitaine : <….> La Seconde pourra prendre la relève.

Etat du navire : 60% de « santé » ; Une brèche est visible sur la proue à tribord, quelques réparations minimes (cout total 3 pièces d’or et 20 rondins de bois)

Etat de l’équipage : 20 hommes au départ, 5 morts et 10 blessés.

Autre : 10 prisonniers enfermés dans la cale, ainsi que le cadavre du Kraken.

Ben:

Invité

"Baptême du Feu"

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Pages du carnet de bord d'Angie

-Nouvel équipage, nouveau navire, mais les gestes restent identiques. Nous ne pouvions rêver mieux pour souder nos liens. La première sortie en mer de la Belladone.
La tension était palpable, nous étions tous un peu à cran. L'appréhension, l'excitation, la rage. Un beau mélange.
Les premiers ordres tranchèrent le silence. Les réactions n'ont pas été rapides, pour certains cela été une première. -

-Mains sur la barre, une fois les amarres larguées et nous voilà en mer. Je retrouvais un peu de ce goût, celui de la liberté que personne ne peut nous retirer. Les voiles affalées, le pont semblait s'agiter lentement au fur et à mesure de notre avance, et des torchères qui s'allumaient sur le pont. -

- Les ordres se suivaient. nous prenions un peu plus nos aises. Le navire prenait le vent, et nous voilà déjà en vue d'une première terre. Changement de cap. Nous voulions aller vers l'ile de la Mouette Rieuse, alors nul besoin de nous heurter si tôt à un rocher. Le vent était avec nous et nous permettait de progresser sans diffulté, se joignant au calme de l'oceéan et de la nuit.-

-Deuxième terre, nouveau changement de cap, nous nous rapprochions lentement de notre destination. Nous entrions maintenant à la marée sanglante. Puis la voix de la vigie vint interrompre le calme ambiant "Navire en Vue". Nous voilà à réduire notre vitesse, pour nous mettre à hauteur du navire. Ce n'était pas un, mais deux brick que nous rencontrèrent. L'instant d'après, nous voilà avec le Requin sur le pont de la Belladone.-

- Bras droit de la Reine Hydre, les cris fusèrent, lorsqu'il quitta notre bord pour rejoindre son propre vaisseau. Il avait sû nous redonner la hargne, et la rage. Les deux navires à nos bords hissèrent leurs pavillons, et pour la toute première fois, la Belladone hissa le sien.-

- L'île de la Mouette Rieuse n'était plus bien loin. Nous suivions toujours les deux bricks des Covington, à faible allure. Silencieux, nous attentions nos premiers ordres, lorsque le Capitaine vint prendre ma relève à la barre. Tout s'engager. Nous descendîmes donc en cale, et le calme nous repris.-

-L'annonce tomba. Nous ne nous attendions pas à cela. Un Galion. Les deux navires de la Reine prirent sa chasse, tandis que nous prenions le brick restant. Malgré le sec de la cale, l'atmosphère s'y faisait lourd. Puis la voix rauque de Kaos rententit pour le premier ordre. et le tout s'enchaina rapidement.-

- Une première salve, du bois qui éclate, mais nous n'avions pas loupé notre cible. Mais la riposte ne mit pas longtemps à nous parvenir. Par chance, les boulets, nous éraflèrent, et nous fûmes juste secoués. Nous ne perdions pas de vue notre objectif, faire tomber ce vaisseau.-

- Les encouragements du Capitaine, nous tenaient en alerte, et éveillés. Nous étions motivés plus que jamais, et nous redoublions d'effort. Nous ré-armions les canons, aussi vite que nous le pouvions, pour de nouveau faire feu. Les ordres de Kaos résonnaient, comme un écho, je crois qu'à force je ne les attendais plus. Mon corps suivait machinalement les gestes qu'il connaissait.-

- Les salves continuaient, puis une riposte de notre cible éventra la coque. Sciure fût repoussé plus loin. Amoché, nous devions le faire évacuer, alors qu'un des canons avait été bien abimé. Tant pis, nous ne pouvions nous arrêter. Il fallait à tout prix, réussir à avoir l'avantage.-

- Une fumée épaisse commençait à se dégager. En regardant par le sabord, je pu voir que l'un des brick Convington était touché. Au vue du pavillon, il s'agissait de celui de la Reine Hydre. Notre cible pris refuge derrière l'épaisse fumée, pour essayer de gagner du temps et surtout pour prendre de la vitesse. Un éperonnage. Mais par chance, nous pumes l'éviter de peu. Et les salves résonnèrent de nouveau-

- La dernière fût la bonne. à babord, nous vimes le navire se stopper et prendre feu. L'heure de l'abordage sonnait pour nous. D'instinct, je courrais sur notre pont, et montais sur le bastingage, me tenant aux haubans. Lame en main, il n'était plus question de les laisser fuir.-

- Puis l'abordage fût lancé.. Je vis des flèches passer non loin, puis un grand norn. Suivant sa trajectoire celui-ci s'élançait sur Ash'. Eyma en fit tomber deux, que j'achevais avec le sourire aux lèvres, puis un coup de sabre m'ouvrit la cuisse. Tant pis, inutile de se dire que je ne les laisserais pas filer. Le Capitaine partit à son tour, en direction de celui que nous venions chercher. Je n'ai pas suivi plus, m'occupant de ceux en travers de ma route.-

- Je ne sais ce qui m'a poussé à regarder en arrière, et je vis Kaos tenir une tête décapitée, et la brandir fièrement tel un trophée. L'instant d'après, une balle se logeait dans mon épaule. Sous le coup de la douleur, je m'effondrais pour mieux me relever. Alors que je voyais Ash' en tête à tête avec son gros Norn. Faucon continuait de nous couvrir avec des tirs de flèches, et j'avançais de nouveau sur le pont ennemi.-

- Une tête vola sur le recoin du pont, explosant les secondes d'après. Cela finit d'achever le navire, qui commença à s'enfoncer dans l'eau. Je n'ai pas eu le temps de comprendre, que je me retrouvais dans l'eau, essayant d'éviter les débris du navire qui sombrait par le fond. Je remontais après une belle immersion, avant de crier qu'on me jette une corde par dessus le pont de la Belladone.-

- Une fois de nouveau à notre bord, je demandais où se trouvait le Capitaine. Là, on m'annonça qu'il coulait avec le Kraken. Ni une ni deux, et mon ordre me fit grincer les dents. On devait le remonter au plus vite. Il n'était pas envisageable qu'il finisse par croupir au fond de cette mer. Je vis Faucon sauter, et remonte de longues minutes plus tard, en tenant le Capitaine inerte.

- Je ne sais pas ce qu'il s'est passé ensuite, allant m'occuper des blessures du Capitaine. Je revint plus tard sur le pont, voyant Kaos et Ash', et tous les autres larbins, boire et chanter à n'en plus finir. Le cadavre du Kraken, gisant non loin.Nous avions passé notre premier baptême du feu.-

Invité

Faucon venait à rentrer sur la Belladone après une petite virée sur l'Arche. Soudain, un gabier vint à sa rencontre, lui demandant ce qu'il pensé de son baptême.

A vrai dire, je ne me souviens de grand chose de cette soirée. L'adrénaline du combat a agit sur moi depuis.

Tout commença lorsque l'on vit un brick et un galion face à nous. Ni une, ni deux, l'ordre de rejoindre les canons sonna.
S'en suivit... Une... Folie sans nom. Je suivais les ordres, je ne savais où donner de la tête dans ce nouvel environnement qu'était celui d'être chef de pièce. Ca fusait dans tous les sens, le Boucher dominait le bateau adverse de par sa concentration à tout épreuve !

Ce n'est qu'alors qu'un boulet vint nous toucher. Ah le p'tit Sciure. Il a prit cher, c'lui là. M'enfin bon. On a continué à tirer, tirer, tirer, jusqu'à ce que le brick adverse s'immobilise. De là, on est tous remontés sur le pont, de quoi se préparer à l'abordage. C'est là que ça me plaît, l'abordage.

Ni une ni deux, l'action commençait, posté tel un Faucon sur les hauteurs, je criblais les gars en face. Soudain, un norn vint à sortir de la foule, se dirigeant droit vers Ash'. Choisissant une magnifique flèche à pointe barbelé, elle vint se planter dans la cuisse, le ralentissant. Malheureusement, le duo de norns plongèrent de l'autre côté de la Belladone, dans l'eau, au fur et à mesure du combat.

Et, dès que je me suis retourné, je vis une explosion mémorable. Brisant le bateau adverse en deux. Alors que je regardais le Cap' et le Kraken se battre, j'ai décidé de tirer une flèche sur le Kraken, qui tomba à l'eau, embarquant Pataras avec lui.
MA FOI ! J'ai pas cherché très longtemps ! Alors que le navire adverse coulait, j'ai sauté dans l'eau, j'ai d'abord été tué l'Kraken pour pas qu'il se sauve, le bougre. Et, juste après, j'sauté dans les profondeurs, pour reconduire le Cap' sur la Belladone.

Sacrée soirée ! J'ai d'jà hâte de la prochaine fois, et j'le jure sur Melandru, ce s'ra pas pareil !

Un baptême du feu et du sang
Un nouveau départ pour le Boucher ?

Un homme massif se profile au coin du feu. Un cigare odorant et de bonne qualité trône à ses lèvres, le bout rougeoyant au fur et à mesure des aspirations. Il s'installe tranquillement devant le foyer, sortant une gourde d'alcool d'une poche de son manteau noir aux reflêts brûnâtres — sans doute les vestiges d'une bataille sanglante. Une gorgée, et un silence. Pesant. Et les autres pirates tout d'abord bruyants finissent par se retourner vers le nouveau venu, murmurant, s'interrogeant. Les flammes éclairent un foulard tâché d'une humeur grenat encore fraîche, le haut de son visage encore couvert d'une capuche de cuir tandis qu'il ne relève toujours pas le regard. Quelques minutes passent ainsi, au son des crépitements du bois flotté embrasé. Le sable humide du soir n'est pas idéal, non. Froid, il force les forbans et leurs collègues à se rapprocher du brasier, à se serrer les uns contre les autres, réchauffés non seulement par les danseuses ardentes mais surtout par l'alcool. La nuit n'est pas trop avancée encore, et leur lucidité ne tient qu'à un fil. Mais elle tient.

Le colosse donne une pichenette dans son couvre-chef qui glisse en arrière, découvrant son faciès. Un faciès arborant la quarantaine d'années, insufflant la crainte, respirant la suffisance, affichant la satisfaction. Ses lèvres s'entrouvrent tandis qu'un filet de fumée blanche s'en échappe langoureusement, retraçant les contours de son visage marqué par les années. Elles s'étirent lentement en un sourire carnassier et joueur, un rictus le rajeunissant de beaucoup puisqu'il lui offre une fougue presque adolescente. Une autre lampée d'eau-de-vie, et le voilà qu'il se met à s'exprimer d'une voix grave et aussi imposante que sa carrure.

Ahoy l'gars. On m'dit qu'vous cherchez d'quoi p'sser l'nuit ? V'là un p'tit récit qu'j'ai p'vous. L'premier qu'm'interrompt, j'l'égorge d'ma lame... C'b'en clair ?

Un silence se fait entendre pour seule réponse, qui ne dit mot consent. Les pirates se réunissent et tournent tous leurs regards vitreux mais méfiants sur le conteur. Celui-ci se lève et époussette son lourd pardessus avant d'y plonger une main, fouillant momentanément dans une poche à sa hanche. De là, le géant tire une bourse, banale, usée, mais ne tintant pas d'un entrechoc de pièces. Curieux, quelques hommes vont pour l'interroger, mais se ravisent lorsque le mastodonte l'ouvre et y plonge quelques doigts. Les retirant, une poudre fine s'échappe de sa prise pareille à un sablier. Et d'un mouvement brusque, la poussière est jetée sur les flammes qui jaillissent, grandissent et se distordent. Leur teinte vire d'un orangé vif à un verdâtre glauque l'espace d'un court instant. Et voilà que le goliath ouvre les bras.

C'soir, l'gars, l'Boucher a r'pris la mer. Et quand l'Boucher est sur l'flots, c'pour frapper un grand coup et n'rien l'sser derrière ! C'soir, l'gars, l'Covington et l'Garde 'taient d'la partie. Aye. L'Reine Hydre et c'rats d'cale d'la cité léonine ! V'là qu'le Boucher r'prend la mer donc, sur un rafiot tout c'qui y a d'p'us basique. C'pas 'core l'galion d'ses rêves palsambleu, mais dix caronades, un pont et d'voiles font l'ffaire.

L'quipage sort d'son trou, en pleine nuit. L'cap'taine — un p'tit gars 'vec d'potentiel pour sûr — prépare l'terrain, d'mande au bosco d'lancer l'ordre. L'pirates s'empressent, ça trépigne, ç'veut partir et buter d'capons ! L'app'reillage est bancal, mais i' lèvent l'ancre et larguent l's amarres. Y a qu'la lune p'r 'clairer l'chemin qu'reste à faire, l'mer est à peine ridée, l'brise souffle et gonf' tout juste l'voilure, vent arrière toute. Une femme à l'barre, oh mais, hé, j'vous entends d'là ! T-t-t, c'pas une femme, c't'un molosse. P'tite, mais e' mord pardi. On l'appelle l'Rouge. Et c'pas l'couleur d'son cache-sexe s'tu vois c'que j'veux dire l'ami. Un rire sourd s'ensuit. Puis la voix rauque d'un fumeur de longue date reprend. L'temps passe et l'quipage s'affaire. Et l'vigie hurle qu'une terre est en vue ! Chang'ment d'cap, et les v'là r'partis plein tribord. D'rection l'côte d'la marée sanglante.

Ouais l'gars, v'voyez où j'veux en v'nir, hein ? L'quartier g'néral d'l'armada ! L'Île d'la Mouette Rieuse ! Ouvrez v's esgourdes morbleu, v'l'entendez s'marrer dans l'vent ? V'l'entendez jub'ler et d'jà f'ter sa victoire ?! Pour sûr qu'vous l'entendez... L'côtes approchent, l'canal est étroit, mais ç'passe. I' affalent l'voiles, et deux bât'ments s'pprochent. Méfiance ? Naye ! V'là qu'le Requin d'Moriarty s'joint à l'bataille ! I' grimpe su'l'pont et r'garde c'beau p'tit monde, confiant. Trois 'quipages d'hommes libres cont' deux d'prisonniers des lois l'gars, l'succès est sans appel. L'pavillons sont l'vés, et l'flotte prend l'large. L'soir est calme, i' entendent qu'le choc d'vagues sur l'coque d'leurs belles figures d'proue. P'is d'un coup, l'vigie s'réveille, et gueule « deux bât'ments en vue ! ». I' s'vaient tous qui c'tait. L'Garde et l'satanés gibiers d'potence du Kraken ! L'pont s'échauffe, l'branle-bas d'combat est donné !

Le titan lâche une autre poignée de poudre dans les flammes, qui se colorent une fois de plus de cette nuance inquiétante à laquelle il mêle la fumée blanchâtre de son cigare. Il poursuit son récit, sa voix porte au large, il semble vivre la scène comme s'il y était encore.

I' s'attendaient à deux bricks... Et v'là qu'un galion, un vrai, v'ent au d'vant d'eux ! V'savez tous l'puissance d'feu qu'ces bêtes-là ont dans l'ventre ! L'chance est 'vec l'quipage, l'galion va s'frotter à l'Reine Hydre et son Requin. Reste c's écrevisses d'rempart, c'mutin d'Kraken, qu'la Covington a exigé mort ou vif. L'canonniers sont à l'ffût, l'palans sont tirés, l'poudre et l'boulets refoulés, v'là qu'ça met en batt'rie, et qu'ça dégorge ! Premiers tirs d'cinq caronades d'bordé bâbord, une brèche s'ouvre d'jà ! Réponse imm'diate, l'pirates essuient l'attaque sans p'us d'dégâts. Et v'là qu'on r'lance l'manoeuvre ! Poudre, valets, boulet, r'fouloir, d'gorgeoir, amorce, bout'feu ! L'canons crient et l'chefs d'pièce 'ssi ! Pas d'touche, ni d'l'un, ni d'l'aut'. Et l'vigie gueule 'core : « i's ont changé d'bord l'gars ! A tribord toute ! ». L'servants préparent l'canons d'tribord, i' r'prennent toute l'manoeuvre, ça tire ! L'tas d'boulets s'vide à vue d'oeil, pas d'place pour l'stratégie, l'débutants sont 'core paniqués ! Tirs à perte, l'enn'mi s'réfugie dans l'fumée d'particules d'poudre noire...

Et une autre poignée, pour d'autres danseuses vacillantes. Et une autre bouffée blanche pour les diluer.

L's enfoirés en ont prof'té pour sûr, TIR ENN'MI ! V'là qu'une brèche s'ouvre sur l'bordé tribord et qu'un canon et son chef d'pièce sont hors-service ! Pas question d'se faire c'ler oh non, palsambleu ! L'gars est évacué, reste neuf car'nades, larg'ment d'quoi fumer c'bâtard. L'quat' chefs d'pièce r'lancent un tir, t'jours rien, ça enrage en cale ! Un aut' tir enn'mi, et l'Boucher s'fait 'jecter en 'rrière, un servant s'fait tuer sur l'coup, l'aut' est s'nné... D'quoi l'fout' en rogne p'r l'restant d'la bataille. I' s'relève et s'laisse pas 'battre, s'ordres r'sonnent 'core p'us, s'voix port'rait presqu' p'r faire trembler l'adversaire ! L'vigie l'fait changer d'bordé, ça r'met d'la gargousse, ça r'met du valet, ça r'met en batt'rie, ça perd par l'nord nom d'un lévidrake ! L'rage offre une touche d'cisive, l'réserve d'poudre explose, et v'là l'enn'mi fait c'me un rat, hahaha !

L'bordage sonne, l'rafiot s'rapproche, l'pirates sont su'l'pont, l'sabre à l'main. L'rafiot d'en face est à portée, ça tente d'sauter ci et là, ça hurle, ça s'traite, ça s'bastonne. Mais c'rats mordent et r'poussent l'quipage une première fois... Salop'rie qu'ces trucs-là j'vous l'dis ! L'Boucher s'fait entailler l'épaule mais l'une d'ses balles s'loge dans l'gorge d'c'te pourriture qu'lu' saute d'ssus. Pas une s'conde d'plus et le v'là qu'i' tranche l'tête d'ce gars en train d'crever c'me un chien. I' brandit l'crâne en l'secouant, hurlant p'r faire peur à l'quipage abordé. Mais mieux qu'ça, ha ! I' sort une d'ses grenades, l'dégoupille, l'fourre dans l'cou d'coupé et balance l'tête sanglante par d'ssus bord, sur l'aut' pont ! Un feu d'artifice, l'pont s'effondre sur l'cale en train d'se remplir d'eau... l'cap'taine, l'seconde et l'Kraken en prime ! Un sacré score eh ?!

Le massif homme se met à rire, ses auditeurs de même, d'un éclat tonitruant exhalant la démence et la joie malsaine. Une gorgée d'alcool et une dernière poignée de poudre sur le foyer, jetant la bourse dans la foulée.

L'Seconde r'monte, touchée. Et l'un d'canonniers saute par d'ssus bord p'r trouver l'cap'taine. Pas moyen d'savoir s'il est mort ou vif lu' 'ssi, tout c'qu'importait 'final c'tait l'Kraken, pour l'Covington. C'canonnier, l'Faucon qui s'fait app'ler, nageait c'me une carpe pour sûr. V'là qu'i' r'garde dans l'ruine d'ce rafiot, et qu'i' sort l'Pat'ras d'là. Vu l'paquet, pas m'yen qu'il l'remonte sans aide, l'Boucher est v'nu r'cupérer l'marchandise à m'tié crevée... et 'ra renvoyé l'carpe chercher l'restant d'mutin. Qu'i's aient un p'tit truc à ram'ner à l'amirale au moins. L'inconnu hausse ses larges épaules, désinvolte, ou inconscient.

Y a eu d'la casse... Y a eu d'morts, y a eu d'sang, y a eu d'mal... Mais y a eu d'la victoire pour l'Belladone ! Dix pr'sonniers qu'i's s'sont r'faits c'soir là. Dix, d'toutes races. Pour sûr qu'y avait d'femmes, oh oui, l'Boucher s't'un peu 'musé 'vec l'donzelles... et i' va y r'tourner.

Le colosse rabat alors la capuche sur son crâne, fourrant sa gourde dans son manteau et coinçant son cigare entre ses dents. Il lève sa main libre et tourne les talons, sans plus de mots. Le dernier éclat que les spectateurs auront pu percevoir aura été celui des crocs luisants de son sourire carnassier.

Invité

Un charr se glissa par la trappe de la cale en s'accrochant de sa patte libre. L'autre presque inerte, lacérée et criblée d'éclats de bois se laissa retomber le long du corps de Scytur sans bruit. Le petit charr s'avança vers le "chirurgien-boucher-charcutier" , un asura pédant qui s'était fait capturer une fois que son équipage, celui du Kraken fut envoyé par le fond.

-Hé l'Doc ! Parait que t-t-t'sais recoudre ?lança t-il hilare avant de soulever son bras blessé avec quelques craquements ce qui lui arracha un grondement sourd,
Graargh... Ça t'dirait d-d-de r'manier le coupe-coupe ?... T-t-t j'ai pas fini, le nabot : s'tu fais ça t'pourras grapiller un p-p-peu dans les réserves. T-t-t'auras même d'la viande avant qu'on t'revende ! Si tu refuses ? Eh bien on fera des économies de bouffes et d-de chaînes si t-tu vois c'que j'veux dire... râla t-il avant de passer une griffe le long de sa gorge en signe de menace.
Le prisonnier s'apprêtait à rétorquer mais se ravisa et poussa un soupir. Il retourna la caisse vide lui servant de sommier, ne pouvant aller plus loin à cause des chaînes et attrapa les outils que Scytur lui tendait, des appareils très peu tranchants ou émoussés. Avec ces instruments l'opération allait prendre énormément de temps ce qui pouvait vouloir dire plusieurs choses : ou le charr n'y connaissait rien en médecine, ou il aimait se faire charcuter... Ou il se méfiait du prisonnier. Après quelques minutes, Scytur semblant s'ennuyer, lança :

-Alors l'asura, l'eau ét-était bonne ? Parait que t-t'as sauté direct quand l'navire a c-coulé...
-Moi au moins j'étais encore d'ssus quand nos canons t'ont envoyé au pays des rêves, rétorqua l'asura qui se mit à rire en voyant l'air neutre du charr en face de lui.
Il continua de ricaner jusqu'à ce qu'il remarqua les griffes enserrant son maigre cou. Il reprit son travail en serrant les dents. Après une bonne heure d'opération l'asura lui fit une attelle improvisée d'où dépassait par endroit de la chair rose pâle envahie de sang séchée où les poils ne repousseraient jamais

-B-b-beau boulot, l'nabot !, lança Scytur en observant son bras en écharpe, Tu viens d'gagner un s-sursis, profites-en ! ,dit-il avant de se hisser sur le pont en grimpant sur une caisse.

L'asura attendit que Scytur fut parti et cracha par terre en injuriant le charr.