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 Gabriel Knightwalker

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Lazare de Malemort
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Ven 23 Oct 2020 - 23:27
physique

Taillé à la serpe. Je suis celui qui vous regarde de haut, celui qui vous surplombe. Je suis sculpté par la guerre, large et imposant. Je suis athlète et muraille. Vestige d'années d'exercice, une œuvre sacrée. Je suis majestueux, puissant et agile. Le maintien parfait, tantôt noblesse, tantôt rigueur militaire. J'évolue avec aisance, me déplace avec la grâce virile de mon statut. Je suis éduqué, et cela transparaît. Le geste ample, le mouvement précis, je ne laisse rien au hasard. Je suis millimétré. Belle prestance, bonne charpente. La traduction charnelle du labeur physique réglé comme du papier à musique. Je suis le hâle de l'astre diurne, acquis au rythme de ma cavale au grand jour, heurté par les reflets ardents se réverbérant sur les paysages enneigés d'Ellgard. Je suis réflexes et vivacité, le regard par dessus l'épaule. Souffle, rumeur métallique. Sous un profil de cuir, l'acier. Souffle, lourde expiration. Articulations artificielles, nerfs saillants. Des ongles à la nuque, boulons et vis. Je suis Homme. Je suis Machine. Anthropomorphe et technogène. Deux facettes de mon légendaire combat. Je suis insondable. L'expression apathique, je scrute mais ne vois pas, j'épie mais ne regarde pas. Impénétrable. Hermétique. Je ne suis nuance que dans la mélancolie et la rage de la victoire.

Je suis aristocrate et méthodique. Menton haut, échine inflexible, l'armée pour tuteur. Porc-épic de sang et de titane, je suis la découpe ciselée d'une crinière noir-de-corbeau, courte, rejetée en arrière. Faciès anguleux, mâchoires carrées, nez rectiligne. Je suis la figure masculine par excellence, l'orbite profond et l'œil inquisiteur, pers. Cette pupille dans son glauque carcan qui vous sonde jusqu'à la moëlle, vous transcende, vous démembre. Je suis les battants rabattus du portail de mon âme. Si bien que peu de ridules osent clairsemer mon derme bientôt synthétique. Arrogant, je suis ces lèvres minces dont les commissures tombantes se drapent d'un air distant, et ne daignent se redresser que pour plus de condescendance à l'égard de quiconque ne soutient pas leur cause. Ce collier de poil dru le long de ma mâchoire, dont la ténèbre n'a d'égal que l'éclat de l'anneau qui me perce le lobe.

Je suis l'inflexion rauque d'une voix harassée par un excès de tabac qui ne connaît aucune phase descendante. L'aisance de l'orateur, le tranchant du couperet, la fermeté de l'étau. Je suis le timbre sépulcral, la sagesse des mots. Charismatique vibration dans son enveloppe de chair. Je suis l'innombrable esquisse qui investit les pores, l'encre charbonneuse qui teinte, ad vitam aeternam, mes phalanges humaines et s'insinue, pernicieuse, jusqu'aux abords d'un muscle pectoral dessiné. Arête dorsale transparaissant au travers du coton qui me couvre, renforcée en chaque vertèbre, exosquelette. Je suis ces scarifications artistiques, le long de ma cuisse puissante, autant de victimes d'un régime duquel je suis la cible la plus dangereuse.

Je suis la Figure.
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Lazare de Malemort
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Ven 23 Oct 2020 - 23:28

caractère

Je suis la certitude. Je suis le rempart, inexpugnable, infranchissable, impassable. Je suis sûr. Convaincu. J'incarne l'essence de l'Humanité, ses aspirations, sa liberté. Je suis libre, oui. Défait des aspirations matérialistes. Contre ce cristalisme redondant. Je suis l'enveloppe charnelle de la perfection, ce que l'Empire aurait dû créer depuis toujours. Je suis affranchi. Indépendant. Ô mes Frères, d'os, de métal, de fourrure ou d'écailles, ce concept n'a qu'une valeur illusoire pour quiconque soutient nos politiques corrompues. Je suis juge et arbitre. Avocat et défenseur. Je suis la spathe et le bastion, la flamberge et l'égide, l'acier et le palladium.

J'aspire à mieux. J'aspire à meilleur. J'aspire à plus grand, plus digne, plus puissant. La domination et la déontologie. Leur coexistence eurythmique.  Je suis le piédestal de cette élite, la quintessence de ce que l'Empire a engendré, involontairement, de plus progressiste. Je suis le Philanthrope, dans son sens le plus vaste, dans le panache du sang et des câbles. Ma mansuétude n'est pas pure, non, mais sa traduction est efficace, optimale. L'élévation éthique. La purge des pêchés. Je soigne le mal par le mal. J'applique la lame incandescente, chauffée à blanc, sur la blessure suintante et purulente d'une société décadente, qui balaie d'un revers de psypher les principes fondamentaux qui font de nous ce que nous avons toujours été : des Hommes, de chair comme d'acier. Jamais des Esclaves.

J'aspire au bien. Sans distinction. L'égalité dans sa plus parfaite harmonie. L'Idéal pour Ellgard.  Car elle n'est pas mon ennemi, et je ne suis pas le sien. Ma nation est redoutable, je n'ai jamais trahi son camp. Je tends à l'améliorer. Je suis son progrès. Son futur. Son évolution. Je retourne une main de fer contre le gant de velours. Je brise l'aberration, j'écrase l'imposture. Je suis le serpent et sa mue. La prédiction d'un nouvel âge. Celui où anthropomorphes et technogènes constituent, par l'alliance, l'hégémonie d'un monde morcelé.

Je suis l'enfant de la noblesse flamboyante qui vous éclipse, le frère de l'arme cruelle qui vous égorge et vous laisse exsangue, le fruit des tactiques les plus abjectes, le résultat des équations des plus hautes sphères. Je suis l'arsenal exemplaire, je suis plan et issue de secours, je suis explosif et détonateur. Je tire les ficelles. Je suis le Marionnettiste. À cheval entre les deux faces d'un même miroir. Celui qui renvoie à sa source le reflet d'un pouvoir gangréné par le profit, qui vous écrase dans une avancée à contresens. La main divine qui ôte cette chape de plomb oppressante. Je suis cette veste qui se retourne. Je fus l'instrument de mon adversaire, et la révolution est dorénavant mon arme.

Je suis l'Ennemi Public Numéro Un. La cible sur laquelle l'Empire projette ses fléchettes empoisonnées. Le mannequin qui encaisse ses coups les plus bas. Je suis l'image d'une rébellion, de la rébellion. Le visage d'un mouvement libéral que l'on dépeint libertaire, à tort. Je suis l'ordre et la justice. L'égalité et la fraternité. Mais aussi la braise crépitante que l'on envoie sur le bûcher des convictions tenaces et de la propagande invisible. Je suis l'ouverture d'esprit. Le collyre des prunelles aveuglées. Je blesse, je sauve, je hurle, je murmure. Je suis ce qui vous connecte les uns aux autres, ce lien inébranlable que vous méprisez et admirez à la fois. Je suis l'écho nitescent d'un système obscurantiste. L'éclat nivéen qui se doit de subsister parmi les marécages ténébreux. J'étais un grain de ces sables mouvants. Jusqu'à être la perche salvatrice qui vous en tire au péril de ma propre existence. Mes convictions me survivront.

Je suis la Tête. Le sommet de la pyramide. Le faîte de l'arborescence. Je suis l'autel érigé à la gloire de valeurs égarées, noyées dans un océan tumultueux de mensonges et d'aliénation. Je suis lucide. Clairvoyant. Et je vous convaincs, vous persuade, par tous les moyens à ma disposition, que mon combat est juste. Je suis le fanal chatoyant dans le mystère opaque des méthodes impériales. Je suis la Vérité. Votre instinct. L'éloquence de votre foi. Le fanatisme de votre espérance. Tout résonne en mon combat comme l'assurance que mon message vous est familier. Je suis l'oreille qui accueille vos complaintes, je suis les mots qui s'élèvent contre la tyrannie matérialiste. Je suis vos tripes. Votre sang. Votre moelle épinière. Le squelette d'un être aux sept membres.

Je suis la Victoire. L'obsession de la réussite. Je suis le perfectionnisme, la rage de vaincre. Je suis le credo d'une ère révolutionnaire. Je triomphe. Ma conquête est en marche. Je pousserai Ellgard La Sombre dans ses plus lointains retranchements. Et la réduirai à néant pour enfin célébrer l'avènement d'un état de droit. J'instaurerai une constitution moderne, loin de la barbarie primitive, archaïque, de ce dogmatisme qui règne en maître. Pas de conditionnel. Seulement un futur affirmé.

Je suis la Résistance.
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Lazare de Malemort
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Ven 23 Oct 2020 - 23:44
histoire

still waters
Je suis l'enfant modèle. L'argenterie au bord des lèvres. Celui ébloui non pas par les premières et chiches lueurs de l'astre diurne mais par les chiffres rutilants d'un compte en banque démesurément repu. L'unique. Le prodige. Je suis ce fils tant attendu, chéri, choyé mais tout aussi sévèrement éduqué. Martial jusqu'au bout des ongles, je connais l'armée avant même qu'elle n'apprenne mon nom, je suis réputé avant même de gagner mon premier trophée. Knightwalker. Mon ascendance a tôt fait de graver ces lettres dans les annales des rangs d'Hell-Guard et de sa No-Bless, éminente coutumière de la famille impériale.

Je suis ce père impitoyable, perfectionniste, dont la main de titane dans son gantelet d'acier n'avait pour seule tendresse que celle du cuir faisant rougir la peau de lait de son seul enfant. Dans un silence prostré, je subissais ces sévices que je savais amplement mérités pour un comportement indigne. Un chef trop courbé, une révérence qui ne l'est pas assez. Je suis le Diable qui se cache dans les détails les plus misérables. Mais aussi cette mère élitiste, cérémonieuse, qui n'a d'autre objectif que d'être sous le feu des projecteurs pour ses faits d'armes et ses scintillantes parures, délaissant mon éducation pourtant indiscutable au profit des œillades qui lui sont destinées. A-t-elle seulement pour but de faire de l'ombre aux Sifknir...

Je suis avant tout ce garçon qui a grandi dans l'ombre chatoyante de son monarque absolu de frère, dont le patriarche encore sur son trône était le modèle de tout un peuple. Si proches, et pourtant nous n'échangeons que de trop rares palabres, tant et si bien que ma figure lui est sans doute étrangère à chaque nouvelle entrevue. Taciturne sans être effacé, j'évolue parmi mes pairs tout en me distinguant par un phrasé voluptueux et une allure irréprochable. Pupille de l'Empire depuis mon plus jeune âge, préciosité des hautes castes d'Ellgard, tout mon apprentissage s'effectue sur les fondations étincelantes d'un culte tout en excès. Je suis l'inconscience, l'ignorance même. Aussi haut placée soit cette lignée, aussi vertigineux soit le piédestal sur lequel je suis laissé pour compte, pas un instant il ne me vient à l'esprit que je m’assois sur un siège dont les pieds de bronze aux dorures flamboyantes sont profondément gangrenés par l'horreur, par les terrifiantes exactions de mon peuple et ses sacrifices inhumains.

Je suis les œillères de mes propres privilèges, la cécité de toute une civilisation soi-disant progressiste qui n'a de cesse d'observer plus haut plutôt que de côté. Une fausse fraternité...

on the verge of a nightmare
...que je rejoins dès ma seizième année en ces terres glacées d'Ellgard.

Je suis le service militaire qui s'impose aux jeunes hommes de mon âge et de mon rang. Mon bonheur se traduit par la fierté qui m'envahit à l'idée de suivre les traces de la figure paternelle qui a redressé tous mes torts, de faire partie du canevas de notre société à l'image si parfaite. Je suis cette nouvelle parentèle qui m'ouvre ses bras avec la même sévérité qu'il m'a été donné de connaître dans l'enceinte familiale, son règlement astreignant et son code d'honneur qui n'appelle à aucun écart. Enfin je me confronte à d'autres sphères, et en tire moult leçons. Le fils Knightwalker fréquente une autre plèbe, apprend une forme d'humilité face au danger qui n'avait pas un instant effleuré son cocon doré. Je suis l'ascétisme propre aux régiments réguliers, quand bien même je n'ai pas encore droit aux apprentissages les plus poussés du domaine militaire. Il est évident que ces exigences et la rudesse de ce train de vie me poussent dans mes retranchements, mais je suis l'accomplissement personnel qui en découle. Un triomphe suffisant, dont le rayonnement s'en vient sertir de lettrines majestueuses le nom si estimé de mon lignage.

Je suis la flagrance de mon propre engagement dans les forces armées, à la toute fin de mon initiation. Il n'y a aucune autre alternative, rien qui ne m'émeuve davantage que la gloire de me battre pour l'essor de la nation qui m'a déjà tant donné. Rien de plus naturel que ma dévotion entière au modernisme que prône mon Empire. Transporté. Je suis l'un des échelons les plus bas de la hiérarchie martiale mais Diable, je suis subjugué par mon appartenance à cette caste guerrière dont les prouesses ont bercé les tendres années de mon enfance. Mon éternel modèle patriarcal avait lui aussi débuté une remarquable carrière à ce palier, et il en va de mon devoir de fils de lui faire honneur en les gravissant à mon tour avec brio.

Mais je suis la désillusion. Mes premières missions, d'une banalité affligeante, alimentent encore la flamme patriote qui consume mon âme et consomme mon énergie. Un fanal novateur embrasant la vénérable voie que j'emprunte. Et bientôt, le capuchon obscurantiste s'abat sur cette torche vivace pour en étouffer la sainte lumière et me place devant le fait accompli : l'Empire et toute sa suprématie sont construits sur une armature d'une ignoble cruauté, bâtis sur les vestiges fumants d'une souveraineté émétique.

Je suis presque clairvoyant...

ghostly twins, shattered mirror
... mais il me faut encore quelques années de service pour appréhender toute l'horreur de mes actions.

Car je suis toujours ce soldat, bien que désormais lieutenant sous les ordres indirects de la précédente Mort incarnée, âgé de vingt-deux ans, fier de mes faits d'armes. Et ce cynisme de ne faire que commencer, dans toute l'ironie d'un futur qui m'y oppose de tout mon soûl. Je suis l'An 398. La naissance, dans les bas-fonds de Keivere et d'Ellgard tout entier, d'un mouvement résistant voué à lutter contre l'oppression xénophobe et inégalitaire de son impérial gouvernement. Des groupuscules disséminés aux quatre coins de cette région glaciaire font peu à peu entendre leur voix, à l'unisson, au diapason d'idéaux encore flous mais prônant l'acceptation des races technogènes au même niveau de privilège que les races anthropomorphes, la mise en place d'une démocratie et d'élections au suffrage universel, et l'amélioration des conditions de vie des sphères sociales les plus désœuvrées. Autant d'avancées qui me semblent encore saugrenues et dangereuses pour la stabilité de ma nation bien-aimée. Je suis cette unité envoyée sur les traces de leurs exactions terroristes, enivré par l'importance de ma tâche, submergé par la superbe d'un résultat que je veux payant. Pour mon propre prestige et celui de ma patrie. Les prémices d'un conflit durable dont l'escadron pour lequel je combats sera un beau jour l'un des acteurs principaux.

Période anarchique, tumultueuse. Fusillades. Sang, craquements sinistres. Hurlements déchirants, pleurs, sanglots. Les larmes rubescentes d'un peuple martyr dont je suis le bourreau. Exécutions en place publique, acclamations. Médailles et récompenses à l'égard des criminels. Émeutes, répression, oppression, transgression, annihilation. Un bain de chair et de giclées carminées. D'abominables blessures sur d'infâmes mutilations. Je suis ces flaques noirâtres aux reflets acajou, reliquats du vulgum pecus à l'agonie sous la semelle ferrugineuse de leurs maîtres. Je suis ces nuits interminables, pesantes comme une chape de plomb, passées à méditer sur ma condition et la justesse de mes actes. Si les premières se vouent à reformuler les ignominies que je commets pour rendre la pilule plus digeste, les suivantes se résument à m'accabler des pires épithètes. Les plans se succèdent sous mes paupières appesanties, un charnier innommable.

Je suis un assassin.
Le couard scélérat qui, derrière la barricade plaquée d'or de son nantissement, anéantit qui a le courage d'affirmer ses vœux humanistes et fait face — sans espoir aucun d'en réchapper — à l'hégémonie despotique brandissant la hache du fatum le plus injuste qui existe. Et dès lors, dans une discrétion méthodique, je me rapproche de ce symbole ennemi que je m'approprie peu à peu, moi qui sacrifie femmes et enfants au nom de la grandeur d'âme de notre État, enfin écœuré par la bassesse de nos ordres.

Une première jonction qui peut me coûter la vie, d'ailleurs, et pourtant la déterminera dans son intégralité. Mais que représente ce risque au regard des existences auxquelles j'ai mis fin sans un égard ? Je suis l'éclaireur impérial qui profite d'une infiltration pernicieuse pour prendre contact avec un conventicule révolutionnaire, une approche se voulant plus brutale que je ne l'imaginais. Huit individus. Affrontement. Déflagrations, destruction. Un éventail rougeâtre, deux corps s'affaissent. Je ne fais pas le poids. Un nuage de poussière épais m'obstrue les poumons, je cherche mon oxygène, j'étouffe. Suffocation. Je suis... presque enseveli sous les gravats bouillonnants d'un souterrain en partie effondré par une explosion qui me coupe le souffle. Je suis la douleur lancinante, inimaginable, qui lacère mon corps tout entier, prend naissance au cœur de mes jambes inertes et lourdement écrasées par un bloc de béton pour s'infiltrer dans les doigts de mes mains ankylosées par le choc, parfois courbés dans des angles impropres. Je suis un débris humain.

Sur cette dernière silhouette d'un homme d'une trentaine d'années venu constater les dégâts qui m'ont été infligés, fuyant bien assez tôt l'attroupement de mon unité accourant en renfort... Je suis un coma profond, aussi froid et solitaire qu'un hiver ellgardien, ayant embrumé mes songes les plus lointains pour ne laisser que cet indicible sentiment d'abandon et l'angoissante quiétude de la Fin.

Silence.
Et les mois passent.

***

Je suis le cliquetis métallique de deux phalanges qui s'actionnent, l'engourdissement d'un corps endormi. Le temps résonne dans mes tempes martelées. Je suis ces infâmes perfusions dans mes veines encore accessibles, percées de toute part comme celles d'un junkie, rendues violacées par un sang souillé. Vertige, rien ne parvient à me soulever. Mon enveloppe est d'une gravité inhabituelle, au sein d'une pièce stérile constellée d'appareils plus sophistiqués les uns que les autres. Vitre fumée, battant de porte clos, un drapé nivéen se mêle à la teinte crémeuse d'une blouse lâche qui ne couvre pas l'entièreté de mes...

underground labyrinth
... jambes cybernétiques, ou de mon avant-bras droit désormais remplacé par une prothèse technomagique.

Je ne suis plus un homme, mais une machine tout juste considérée avec le respect dû à mon grade. Nous autres cyborgs sommes encore rares, à cette époque, la technomagie poursuit son essor et se stabilise à peine sans dysfonctionnement dans les corps humains des récents essais cliniques. Créature perfectionnée, rendue à son autonomie motrice par le biais d'artifices mécaniques au terme de mois entiers de rééducation, mes subordonnés retrouvés - pourtant d'un naturel discipliné - s'osent à de l'insolence à mon encontre, quitte à en payer le prix. Plus que jamais, cette discrimination ambiante me touche, cette fois en plein cœur, telle une épine vénéneuse corrompant le respect que je devais à mes supérieurs et inférieurs, à l'ensemble de l'armée d'Ellgard, autant que mon attachement pour les valeurs familiales. Je suis cette incapacité à tenir le Vent Révolutionnaire responsable de mon état, au contraire. Il est la révélation brutale des échecs de notre société prétendument parfaite, l'acide incandescent que l'on verse goutte à goutte sur mes yeux aveugles, enfin lavés de toute cette démagogie nauséabonde. Je suis la détermination renouvelée qui m'anime, l'envie ravivée de tirer un trait indélébile sur cette manipulation étatique dans l'espoir de rejoindre les rangs adverses. Et ces prochaines années de m'inciter à rejoindre les protestations pacifistes mises en vigueur par les chefs de file de la mouvance réfractaire de l'époque.

***

Je suis cet uniforme prestigieux au parfum amer laissé à la poussière dans un casier de notre caserne. Cet arsenal emporté dans un sac de voyage à la robe discrète, pris en otage depuis les réserves de nos armureries. Et me voilà loin, bien au delà des frontières de la capitale qui m'a vu grandir et m'a vu tomber. Je suis ce feu de camp salvateur sous l'empyrée nocturne et transi de froid, dévorant hargneusement des feuillets frappés du sceau impérial qu'il m'était impossible de laisser à portée de mes chefs. Ma mémoire a imprimé quelques dernières coordonnées potentielles d'une cache de la résistance, et je n'aspire qu'à les rallier au plus vite avant de crever comme un chien dans un fossé humide.

Je suis le grincement strident et désagréable d'une valve rouillée, la dépressurisation d'un sas. Je n'ai pas le temps de poser une botte dans l'enceinte de ce simulacre d’égouts que bien vite retentissent les sécurités abaissées de fusils d'assaut. Un coup d'œil circulaire, je balaie mes proches environs pour constater la présence de quatre éléments dont les canons sont braqués sur mon crâne à la crinière aile-de-corbeau. Aurais-je gardé mon armure d'intervention que mon sang aurait rougi le parvis mousseux de cette entrée forestière sans même que je n'ai à contracter un muscle. Mon allure civile ne trompe pas ma stature noble, je suis l'exemple parfait du soldat haut gradé de l'Empire et c'est en cette qualité que je suis repoussé dans les tréfonds caverneux d'un bunker désaffecté, une prise de choix. Et c'est traîné sur le sol spongieux d'un couloir sans éclairage que je me retrouve prisonnier de chaînes fermement fixées à quelque vieille canalisation encore trop robuste pour être brisée.

Je suis cette lèvre éclatée qui déverse un filet sanguinolent le long d'un menton saillant, ces ecchymoses douloureuses teintant un abdomen malmené. Les interrogatoires sont bien loin d'être la première de mes craintes, et s'il me faut passer par ce calvaire pour affirmer mes convictions naissantes, ainsi soit-il. Trois jours et deux nuits suffisent à mes détracteurs pour enfin percevoir la part de sincérité de mes propos invariables. Je suis enfin vu avec suspicion plutôt qu'avec hostilité, un début prometteur. Il est temps pour moi de leur fournir un aperçu conséquent de l'atout que je deviendrai. Je suis cet échange d'informations qui ne saura que trop leur être utile, ces armes derniers cris emportées dans ma quête que je leur lègue avec un seul mot d'ordre : celui d'en faire bon usage. Je suis un plan ficelé avec une certaine patience pour atteindre l'Empire en son point névralgique, ces planques à prendre d'assaut pour assurer de nous préparer à un affrontement que je visualise déjà. Mais je veux évaluer la hargne de leurs aspirations, soupeser leur volonté inébranlable, être l'élan d'une nouvelle forme de combat.

Je suis l'An 414. Et je hais les têtes d'Ellgard, si puissamment que la moindre once de sang-froid qu'il me reste n'est due qu'aux températures frigorifiantes. Ma permission me garantit encore de recouvrir de mes blessures avant même que l'on se soucie de mon absence dans les rangs, et je suis ces jours passés auprès de ces camarades qui m'observent encore avec le mépris viscéral de l'Impérial, à bâtir intervention sur intervention afin de nous préparer au pire. Pourtant il est l'heure d'agir, à l'aube de cette matinée encore fraîche. Et tandis que d'autres recrues patientent déjà dans les ruelles de la capitale...


seek and destroy
...Nous sommes une dizaine à fouler les territoires sauvages autour de Keivere, et bien vite d'autres révolutionnaires nous rejoignent pour former un mouvement un peu plus massif que ces ridicules manifestations qui se faisaient mater par les unités sous mon propre commandement. Je suis l'apparat passe-partout qui me force à un anonymat encore préférable, et je franchis les portes de la cité tandis que mes tripes se tordent d'une exaltation nouvelle  : celle de me rebeller contre mon éternel maître, tel un molosse mordrait la main qui l'a toujours nourri sous la tutelle de celle qui le menace. Et à mesure que je progresse dans ces artères putrides qui se découvrent à mon regard sous un nouveau jour, mon ressentiment ne peut qu'atteindre une apogée plus destructrice encore.

Putsch.
Un vent de panique.
Des frères tombés dans chaque camp.
Échec.
Repli.

Je suis la défaite cuisante qui embrase mon âme déchirée d'une colère plus noire encore que le sang répandu ce jour-là. La lutte a été rude, et son résultat médiocre plus difficile encore à encaisser. Nous étions de rares survivants de première ligne, retranchés comme des rats dans les impasses chaotiques de la capitale ellgardienne, et nous convergions tous vers les terres désolées qui longeaient le nord inhospitalier de l'impérial siège. Je suis ces sempiternelles journées d'errance, ravalant ma fierté piétinée avec le plus grand mal qui soit tandis que je récupérais pathétiquement des féroces combats de cette lune funeste. Je n'ai pas dit mon dernier mot, cette tentative de coup d'État n'était que le premier déplacement de mon pion sur ce plateau d'échecs. Je suis le flamboiement victorieux venu m'embrasser dans mon sommeil désordonné, le triomphe inéluctable en bout de tunnel.

***

Je disparais. Délaisse mon statut et mon grade. Abandonne une partie de ma fortune et le prestige de mon nom. Enterre mes dernières affections et m'en viens hisser l'étendard de la Résistance sur les ruines fuligineuses de l'an 414.

Je suis l'an 415. La véritable naissance de l'insurrection républicaine telle qu'on la connaît désormais. Cette aube se construit sur l'inexorable acrimonie d'une minorité encore convaincue du bien-fondé de ses croyances démocratiques, rescapés et nouveaux adhérents frappés de plein fouet par la dureté de la répression que nous avions tragiquement essuyée. Je mets à profit mon expérience des escouades militaires pour prendre les devants et m'imposer en figure de proue de cette nouvelle bannière, réinventant la hiérarchie à l'image de l'efficacité impériale que je ne pouvais nier. Car mon objectif, à terme, n'est autre que de retourner le pouvoir de cette tyrannie contre ses propres points faibles. Et quoi de mieux que l'une de ses mains armées pour la réduire en charpie, portée par une bourrasque populiste à l'instinct ravageur.
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Lazare de Malemort
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Sam 24 Oct 2020 - 0:21
armes

ἀπόφθεγμα, Apophtegma, la Sentence.
Psypher formé par la manufacture d'une roche cristalline jaune, sa valeur est indicible. Et les origines plus qu'aisées de son porteur se trahissent par la seule présence de cette arme à sa hanche. Singulièrement offerte à l'entrée de Gabriel dans les forces armées d'Ellgard, elle représente à l'origine l'autorité de son père et son étouffante présence à travers chacun de ses coups portés. Depuis l'élévation de la Résistance, et l'instant où le trentenaire a rompu les ponts familiaux, cette symbolique s'est perdue au profit d'une métaphore plus pragmatique : la fulgurance des assauts du Leader. Se révélant sous deux formes distinctes, l'une à courte et l'autre à moyenne portée, Apophtegma est l'illustration parfaite des aptitudes de son propriétaire.

κοιμητήριον, Koimeterion
Forme originelle d'Apophtegma, Koimeterion se décline sous l'aspect d'une épée à lame noire au simple tranchant argenté. Au fort de sa lame, une garde semblable à une roche abyssale sculptée surplombe une fusée munie d'un système amovible qui permet d'en modifier la longueur et ainsi de garantir à son utilisateur un maniement à une ou deux mains selon la situation. Équilibrée mais depuis peu pesante pour qui ne possède pas de membres cybernétiques à la force naturellement accrue, Gabriel la manipule avec dextérité et l'a sensiblement modifiée au fur et à mesure des années afin de convenir à son usage personnel, ce qui en fait une arme particulièrement inadaptée à l'emprunt.
La particularité de Koimeterion est sa lame parcourue de microvibrations liées à son cristal, qui en font une arme redoutable contre la majeure partie des blindages courants, hors alliages trop sophistiqués.

αἵρεσις, Hairesis
Hairesis, forme active d'Apophtegma, est la modification à portée moyenne de sa forme passive. N'ayant plus les propriétés d'une épée pleine, le psypher se morcelle et forme une épée-fouet de la longueur d'un homme standard et demi, dont les micro-lames sont constellées d'une discrète lueur flavescente prenant sa source dans sa garde même. Sa lourdeur s'efface au profit d'une vélocité propre à son cœur de foudre, et le fouet gagne en vitesse d'attaque. Il aura fallu de longues années d'apprentissage à Gabriel pour ne pas se blesser lui-même avec les rebords tranchants et la dangereuse pointe de cette arme assouplie mais menaçante.
Lui permettant de désarmer et blesser grièvement son adversaire sans avoir à se mettre au contact, Hairesis a un effet électrifiant à l'impact. Allant jusqu'à engourdir en cas de contact bref ou paralyser sa cible en cas de contact prolongé, l'intention est de la ralentir au profit de sa propre célérité.

χάρισμα, Kharisma
Passif naturel, Gabriel étant bien dépourvu de toute aptitude magique, il n'en est pas moins un orateur à l'aura indéfinissable. Sa seule manipulation d'autrui réside dans une attitude magnétique dont il n'a conscience que par le biais des réactions de ses auditeurs et spectateurs. Capable d'haranguer les foules, jusqu'à créer une émeute d'un rien, cette capacité innée n'est que le fruit de mots et gestes minutieusement choisis, une analyse stratégique de son environnement. Son instinct tactique se couple à ces observations stratégiques afin de toujours tirer le meilleur parti de toute situation. Un exercice auquel il s'adonne d'autant plus au sein de la Résistance, dans un jeu de clair-obscur létal.
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