Le Capitaine, marchant sur le pont du bric, les mains dans les poches fit rassembler les quelques hommes désignés pour mener à bien la mission donnée par la Sauvage. Le petit groupe s’installa non loin du mât de beaupré. Le léonin laissa le temps à tous de s’installer correctement, finir leurs discussion, tout en les observant de son regard étrangement sévère dans lequel on pouvait aussi y lire une certaine fierté. Ben garda le silence quelques secondes, le temps que le groupe fasse de même et prit la parole.
Vous êt’ tous au c’rant d’la m’ssion qu’nous a d’mandé la S’vage ? Mmh ? Il laissa le temps aux marins de répondre et ne voyant aucune réactions, probablement parce que la majorité été au courant et le reste n'osa pas le dire. Il reprit. On va d’voir s’ccuper du C’vard. Un p’tit gars qui s’croit tout p’mit ‘ssi bien ‘ l’Arche qu’au Prom’toire… J’vous passe l’d’tails m’c’cernant et qui r’garde qu’lui et moi, mais la S’vage, elle… Elle a un s’cré compte à rend’ a’ec lui. L’homme souffla un rire, ramenant son genoux gauche contre lui, laissant son autre jambe pendre. ’lle veut voit la p’part des planq’ d’ce gars p’llées. ‘lors j’vais êt’ franc… J’compt’ pas p’sser m’vie à p’ller un p’tit gars qu’vaut pas qu’on s’y ‘ttarde trop, mais pour l’coup. J’suis p’neur.
Pataras se redressa, en s’aidant d’une main posée sur le mât, oscilla un peu, sûrement dû au mélange d’alcool et de la baisse de tension causée par ce geste rapide. Il se mit à sourire, d’une manière sincère et franche vers les hommes le regardant. Il sembla à la fois amusé des évènements, mais ceux l’ayant d’avantage côtoyés auront reconnu une certaine satisfaction quant à l’idée de faire du grabuge. Un plaisir presque malsain.
De c’que j’ai vu… L’droit c’blé est g’dé par cinq gars du C’vard. Qu’ce soit l’jour où l’nuit. Ils s’bougent pas d’masses. Vu qu’l’attaque s’f’ra l’soir… V’là c’qui nous ‘teresse. L’gars sont f’cil’ment v’sibles. ‘ls portent l’même ch’peau ‘mmonde que le C’vard et ‘gissent d’la même m’nière qu’lui. ‘ls r’ckettent l’gens qu’passent et ‘mmerdent tout l’monde. L’un d’eux reste ‘bas et s’p’met de d’guer des c’tins à tout va, g’dant un œil sur les ‘lentours. Un p’tit g’min, d’la même tremp’ qu’P’tit Bout, est p’cé plus haut, ‘bord des ‘ppartements et r’gardent lui ‘ssi l’coin. L’trois d’niers ? ‘ls sont à une tab’ d’vant un ‘ppart, sûr’ment l’planque. Deux jouent ‘cartes l’t’sième et f’gé d’vant l’porte.
Ben termine son explication et observe le groupe. Ca s’ra pas d’plus simp’ pour les d’tourner d’là , naye. Mais j’veux p’faire dans l’prop’ ou le discret. L’seul mot, c’pas d’coups d’feu. J’pas ‘vie qu’la garde se r’mène et qu’on ait pas l’temps d’tout prend’. Héhé. Pour l’suite… D’barques s’ront d’posées p’faire un r’tour r’pide plus ‘sud, dans une planque. Il continue de les observer, avant de sauter de son estrade et de reprendre la route. T’nez vous prêts, va f’lloir êt ‘fficaces