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 [BDO] Psychose

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Lazare de Malemort
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Lazare de Malemort
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Lieu de vie : À Ventegrève
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[BDO] Psychose Empty
Mar 13 Oct 2020 - 15:35

N.B. — Ces événements sont une alternative à ceux ayant été joués sur Guild Wars 2, et s'inscrivent cinq ans après une sortie de geôles. Le lieu n'est pas précisé.

Sans doute a-t-il espéré en vain que l'atmosphère ait été plus légère, au dehors. La pesanteur humide de l'oasis grouillante inonde ses poumons d'une goulée aqueuse, et alimente le pied d'une ronce de tension, un barbelé inextricable ; ses hameçons de chair calleuse crochètent le col de cuir qui assiège sa gorge nerveuse et la libèrent. L'Onyx dévale quelques marches, les tambours belliqueux de ses pas l'éloignent de l'antre de cette sauvage créature d'albâtre qu'il peine désormais à dépeindre comme étant un souvenir, mais plutôt une étrangère. Un raclement, celui du soufre contre une aspérité de la rampe écorchée, et la vive flammèche de son allumette d'embraser le foyer d'un cigare tout juste décapité et pendu à ses lèvres gercées. Dans le sillage nébuleux aux fragrances épicées, sa silhouette a des airs de trou béant, un cratère sans rebords et sans fond, une coquille vide, un néant absolu où chuter sans fin.

Aux abords de la route poussiéreuse battue par les dizaines de marchands rabattant étoffes et panneaux de bois sur leurs marchandises, le pirate se poste en sentinelle et balaie d'une œillade distraite ce bain de foule siphonné par les artères du village. Il est toujours fascinant de constater la vitesse à laquelle ces venelles s'emplissent et se vident, pareil au ressac, ne laissant que les vestiges de bibelots écrasés, comme au passage d'un ouragan dévastateur. Le voilà de nouveau isolé, ce sombre Gargantua aux pensées déchirées, seul face à la marée roulante d'interrogations qui persistent à le harceler, à picorer ses yeux de leur bec acéré. D'un geste vif, il chasse ces parasites oniriques comme une nuée illusoire d'insectes suceurs de sang, pestant d'un grondement guttural rappelant la bête qu'il est.

Une bête ayant perdu de sa sauvagerie instinctive en présence de la blafarde figure qui lui offre, cette nuit, un toit solide et imperméable. On le sait indompté, on le sait dangereux, mais cette réputation forgée au fil des années perd en énergie à mesure qu'il côtoie cette éternelle prisonnière. Le long du chemin caillouteux qu'il arpente telle une âme en perdition, il réalise : Elle n'a jamais été libre ; et cette constatation de lui arracher une nausée fugace. Tandis que ses bottes se couvrent d'une mante d'ocre à mesure de pas traînants, c'est à l'orée du canyon obscur que son ancre se jette, là où leurs silhouettes s'étaient pourchassées quelques semaines auparavant, Elle poursuivant l'ondée asséchée des falaises courbes, et Lui nageant à contre-courant. Il est là, à deux doigts de céder à la tentation de s'en aller, de tourner le dos à ce passé tenace et de prendre le large une fois de plus. Devant la proposition vicelarde que son cœur atrophié susurre, le barbare Altinovan s'emporte : "je reviendrai", lui avait-il promis. Et il n'avait qu'une parole. Et de se rendre compte, à mesure de pulsations paniquées dans son poitrail, que ce sentiment submergeant qui dévale ses artères comme un torrent de glace n'est autre que de la… Soudain, la masse penche de côté, trébuche sur une botte d'herbes séchées par le soleil cuisant, et s'affale contre une abrupte roche aussi froide que mal accueillante. Grondement sourd, du fond d'une gorge abîmée, le corps se replie, se rétracte, griffe la roche et s'affaisse au sol dans une brume sablonneuse et un craquement d'herbes mortes. Deux pattes noircies d'esquisses et enluminées de chevalières précieuses prennent en étau le crâne martelé aux rêches fils d'ébène, et serrent, serrent encore.

***
Des ecchymoses pigmentent la peau tannée de marques noirâtres, les muscles bandés sont douloureux, les mâchoires puissantes claquent sèchement ; le colosse ne peut s'étendre ni étirer ses membres ankylosés par les sévices. Autour, des rumeurs masculines vrombissent comme un essaim de frelons à tel point que ses tympans éclatés ne perçoivent plus que des timbres de voix fades et sifflants. Les coups pleuvent, des baguettes employées à le battre régulièrement au travers des barreaux de sa cellule, les bottes de ses compagnons de geôles pilonnant ses reins et ses vertèbres ; et la douleur de ne pas suffire à faire taire les injures et vocalises qui lui remémorent d’insupportables souvenirs. Ni à effacer les images traîtresses de sa vie antérieure, infâmes spectres d’une plaie à jamais ouverte. Jour. Après jour. Après jour.

***
Une bourrasque terreuse lui frappe soudainement le visage et infiltre des grains irritants dans ses sinus. Le cerbère s’étouffe, recrache la poussière et les débris volatiles qu’il a absorbé par inadvertance, essuie son faciès en nage d’un revers de manche. Les sentinelles d’acier s’agitent, paniquées, scrutent à droite, pivotent à gauche, se dissimulent sous la lourdeur subite de ses paupières fatiguées. D’une respiration accélérée et inquiète, son torse se gonfle et force sur son harnais de cuir portant les stigmates de griffures récentes, prison de peau tannée dont il a tenté de s’échapper dans ses folies fugaces. Où est-il ? Seulement à l’angle discret d’un virage, excentré du village dormant. Combien de temps s’est-il écoulé depuis son départ de l’abri de toile tirée ? Probablement deux heures, à en croire la course de l’astre d’argent dardant des rayons narquois sur ses traits bousculés. Son cigare aux fragrances d’épices a roulé ailleurs, piétiné par ses délires, et lui arrachant un soupir dépité. Encore raide de sa mauvaise expérience, le contrebandier plaque une paume moite contre la pierre rubescente et se redresse tant bien que mal, assouplissant ses omoplates dans d’amples gestes circulaires.

C’est épuisé qu’il reprend son chemin en sens inverse, une volte-face déterminée à le mener à l’antre de l’Opale. Cette simple destination le renvoie de nouveau à une volée d’incompréhensions. Tant d’années s’étaient égrenées sans qu’aucun visage familier ne fasse son apparition, et c’est au détour d’un pillage ridicule que celui-ci, le dernier qui ait pu lui apporter du réconfort autrefois, revenait d’entre les morts. Car oui, l’obstiné n’était pas encore convaincu qu’il s’agisse d’une réalité, bien au contraire : peut-être les égarements d’un homme à l’agonie, et dont l’esprit harassé avait choisi de remplacer le mal lancinant par une dernière ancre à la vie qui l’avait bien trop malmené. Durant tout ce temps, moult fois sa psyché fléchissante avait remanié les échos de son ancienne compagne, ainsi que ceux de la Blafarde. Tantôt captive, tantôt geôlière, placardée sur les figures déformées par la haine qui n’ont cessé de le terrifier, Elle était devenue l’égérie de son mal, sa tortionnaire et sa salvation à la fois, la dualité s’étant désormais fait une place confortable entre ses tempes. Et s’il devait au moins garder la face en Sa présence, croiser Son regard ouvrait grand les vannes de délires névrosés, les tentacules inflexibles de la terreur le saisissant à la gorge. Son échine tressaille dès l’instant où sa patte éraflée presse la poignée glacée de la porte de la yourte, comme s’il s’attendait à La voir là, derrière le battant, pour le châtier.

Dans la pénombre presqu’opaque de l’habitation, c’est avec discrétion qu’il se dévêt, et abandonne ses bottes usées blanchies par le sable à l’entrée. Garantissant un pas un peu plus léger dès à présent, le Titan s’avance dans la pièce à vivre, laisse l’obscurité faire son œuvre et sa vision encore nébuleuse s’y adapter. Les expirations endormies de la Pâle le tendent une première fois, à la façon d’un aventurier venu violer les frontières d’un fief inhospitalier où sommeille un prédateur, prudent et sur ses gardes. Et les mânes de son ressentiment d’agripper les ancres de son discernement pour les arracher à un support stable et le faire sombrer ; le Colosse oppose une résistance farouche, se mutine contre les ennemis dans son propre crâne, et vainc, jusqu’à présent. Ses errances l’amènent peu à peu aux abords d’un lit dont les draps froissés et bombés suggèrent une présence furtive. Sur les vallons veloutés du tissu, les sentinelles assombries gravissent et dévalent la courbe délicate de Ses jambes qu’il suppose décalées, se logent dans le creux d’un flanc abrupt où le linge se cintre, rencontrent la blancheur approximative d’un coude dénudé et pourléché par quelque mèche bistrée égarée sur Son bras. Sa bouche s’assèche, il déglutit : lorsque la pointe de Son menton se distingue, les lances inquisitrices de son examen se montrent bien moins téméraires et ne franchissent pas ce cap. Combien de vies aurait-il payé pour corseter Sa gorge entre ses doigts âpres et froisser Sa peau de lait jusqu’à ce que l’air manque, quelques années plus tôt ? Des centaines. Et à cet instant, où l’occasion se présente, le voilà qui demeure interdit, endigué par d’autres sentiments bien plus lointains venus briser l’unanimité de son opinion.


Pareils aux battements nerveux d’un cœur soumis à grande pression, ses poings furieux se compriment et se délassent, et enfin abandonnent la lutte intestine pour s’échouer contre ses cuisses. Non, il n’y arrivera pas, cette entreprise est vouée à l’échec. Sa lucidité l’attire en d’autres lieux, entre les deux canapés, tournant le dos à cette chimère assoupie pour mieux flancher sur un sofa. Il est si harassé, si exténué, qu’il pourrait ainsi céder au sommeil dans sa posture de Penseur. Mais ses démons tenaces s’emploient aussitôt à brûler sa peau jusqu’à ruine, lorsque l’inapaisé se rappelle les révélations de son Hôte : Stiarhos, qui était-il exactement ? Excepté le fait qu’il fut l’amant de la Livide, ce qui ne semblait pas être source de mépris de la part de l’Altinovan, ce dernier s’en méfiait d’avance comme de la pestilence elle-même… Une bouffée de chaleur l’envahit, et le Capitaine se redresse à peine le temps de défaire les agrafes de son manteau de cuir qu’il fait glisser le long de ses épaules épaisses, de ses bras noueux, de ses poignets puissants. Affalé contre le dossier, ses ongles noircis défont mollement chaque bouton de nacre de sa chemise d’une ténèbre délavée mais sans accroc, agrandissant son col où pend une ficelle de chanvre passée dans un anneau d’or blanc. Le coton anthracite érafle alors sa peau d’ébène, que l’étoile du jour a maintes fois frappé de ses javelots brûlants, et découvre plus de scarifications qu’il n’en suffit pour tuer un homme. Aussi innombrables qu’indéchiffrables, pas la moindre parcelle d’épiderme n’est épargnée par leur cuisante profondeur, ces aspérités blanchâtres et parfois fripées défigurent peu à peu la silhouette qui se met à son aise.

La couverture laissée à l’angle du sofa lévite jusqu’à lui, se roule en boule et ne remplira pas sa fonction première : plutôt soucieux de l’état de sa nuque, c’est sous son cou tendineux qu’il la cale confortablement tandis qu’il se laisse tomber de dos. Sur la carnation basanée, les esquisses artistiques sont aussi multiples que les sévices : le collier d’épines pèse sur ses clavicules, la date fatidique sur les phalanges de sa main gauche là où les symboles maritimes envahissent sa fausse jumelle, l’étendard des pirates contre son bras droit, et d’autres inscriptions significatives sont gravées à même la peau de son mollet. Agressée par les décharges éternelles fatiguant ses nerfs, sa dextre se coince sous la courbe de son crâne, dans les méandres de sa toison touffue. L’on pourrait imaginer sa quiétude, avachi tel un rêveur dans un champ de tournesols, une illusion qui fera son office dès l’instant où un ronflement sourd s’élève de ses lèvres entrouvertes, son manteau tombé au pied du siège molletonné.

Le Colosse n’aura guère eu le temps de davantage se triturer les méninges, et sombrera dans l’étreinte d’un Morphée bien trop en retard, et ce jusqu’à ce que les lueurs du jour suivant soient déjà vives, malgré le potentiel réveil de sa Comparse non loin.
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